Bordeaux | 33

Et si l’arbre coupé prenait sa revanche en étant utilisé uniquement pour l’impression de bons livres ? C’est la gageure d’une maison d’édition dont l’histoire a démarré par la complicité d’un duo d’amateurs professionnels. En 20 ans leur catalogue aux couleurs forestières a grossi avec humour et sérieux. Provocateurs ou insolents ? Nous choisissons insolents joyeux !


« Lorsque j’ai pris connaissance de votre demande d’interview… J’ai cru à une blague…
Qu’allions nous faire dans un numéro spécial sur les arbres… Même si je les adore … je n’ai pas de connaissance  dans ce domaine et pas la main verte, j’essaie désespérément de planter des arbres là où nous sommes à la Fabrique POLA sur les quais, rive gauche, à Bordeaux, … Je n’y arrive pas … vous savez-vous peut-être… ? » dit  avec le sourire David Vincent, le co-fondateur de la maison d’édition, l’Arbre Vengeur.
Et l’interview s’est poursuivie… 


Une histoire d’amitié, d’arbres, de tempête et de vengeance
Prendre pour nom  « l’arbre vengeur » pour une  Maison d’édition  invite à quelques interrogations journalistiques et, qui plus est, lorsque les collections  se nomment   : … selva selvaggia (la forêt sauvage) , forêt invisible, l’arbre à clous, l’arbuste véhément.
Alors,  on ne peut éviter la question préalable sur le nom… « L’histoire de l’arbre vengeur démarre par une histoire d’amitié  et au cœur de la forêt landaise pendant une inoubliable tempête en 1999,  sachant que mon associé  est vosgien, une région réputée pour sa forêt… Nous aimons les arbres, c’est notre pot commun. Venger l’arbre  en faisant de bons livres ?  C’est une façon pour les arbres de prendre une  revanche, non ? Au fil du temps,  les explications sur notre nom ont évolué…» confie avec malice celui qui a, pendant plus de 20 ans, été  libraire dans la plus  grande librairie bordelaise.


Hier, des amateurs professionnels…
En 2000, lorsque la maison d’édition est créée, le choix se porte vers de la réédition d’écrivains oubliés.  Ils investissent alors 1000 Francs en se disant qu’ils ne mettront plus un sou  dans l’édition.  « Pendant  très longtemps, l’édition a été un loisir, qui nous occupait jour et nuit avec mon associé Nicolas Etienne,  en dehors de nos travails respectifs. On était des amateurs professionnels. On lisait, lui faisait le graphisme, on cousait. Mais, beaucoup de maisons d’édition ont commencé   comme cela. Nous faisions de  l’édition en toute liberté  avec le respect de la rémunération de l’auteur, du traducteur… » confie  celui qui, depuis cette année, se consacre pleinement à cette activité, tout comme son associé et souhaite en vivre.


Aujourd’hui, des professionnels
 Aujourd’hui, l’Arbre vengeur édite une  vingtaine de  livres par an (incluant les poches), le choix se fait sur  un  coup de cœur simultané des associés  et n’a surtout pas pour objet de soigner, mais plutôt de secouer et d’interroger.  Place aussi à  l’humour, l’insolence, l’anticipation, voire le fantastique également « On reçoit plus de cent manuscrits. On édite ce qui nous plait,  des ouvrages décalés,  de plus en plus de contemporains français, espagnols, belges…  qui sortent du convenable et du convenu, au tempérament glacial ou chaud… mais non tempéré.   Nous aimons aussi les nouvelles, un genre aujourd’hui qui n’est pas à la mode » précise l’éditeur.

Le catalogue de l’Arbre vengeur contient-il  des ouvrages sur  les arbres… ?
« Oui, dans la collection des ouvrages, nommés redécouvertes intrépides,  je parlerais de l’homme que  les arbres aimaient d’Algernon Blackwood. L’auteur  anglo-saxon va chercher jusqu’au fond des forêts les mystères qui hantent l’humanité. Avec lui, c’est toute la Création et la Nature, à la fois attirantes et inquiétantes, qui sont convoquées face à des hommes effarés de découvrir ce que leurs âmes recèlent. Dans ce livre, les arbres demandent de l’aide, supplient l’homme « on ne veut pas mourir sous le coup des bûcherons ». L’écrivain a le don de nous émouvoir avec des images que l’on crée nous- mêmes.  Un livre militant ? À  nous d’entrevoir ce qui nous est proposé… »  


 Les Trois coups !  Selon David Vincent




> Coup de chapeau : « à Internet, ce fabuleux outil, ce medium,  qui nous relie mon associé et moi. Nous  communiquons uniquement  par mail,   c’est-à-dire par écrit.  On travaille ensemble et à distance et par le biais de l’écriture… »



> Coup de main : « Si on pouvait avoir un coup de main pour planter des arbres au bord de la Garonne, quai de Brazza, car  ce n’est pas faute d’essayer… »



> Coup de projecteur : « La librairie Le Passeur à La Bastide, sur la rive droite de Bordeaux où deux jeunes femmes viennent de reprendre une librairie… Le culot qu’elles ont, bravo ! »   

Pour les plus curieux :        L’arbre vengeur   : https://www.arbre-vengeur.fr

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REDACTION

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