Mareuil | 24

De la grande maison, pleine de vie, pleine de livres… à un projet d’habitat participatif, comment fait-on le pas ?
Le hasard de rencontres certes, mais plus encore, l’envie de partager, de s’alléger, d’avoir un projet en harmonie avec les vrais besoins de son quotidien.

A la retraite depuis cinq ans, Chantal Verschueren appréciait jusqu’ici la  vie dans le petit village de 300 habitants  de La Rochebeaucourt au nord-est de la Dordogne à la lisière de la Charente où elle avait  choisi de  s’installer voici 26 ans.
Son travail, sa  vie de famille, son activité de chef de chœur,  celle de l’association culturelle qui assurait l’accueil de spectacles musicaux plusieurs  fois dans l’année dans la  grange de la ferme,  et depuis quelques années  son implication dans le collectif de femmes « le Rhizome », ses  liens avec une AMAP ; tout cela nourrissait bien son quotidien.  


« … Cela m’a semblé  d’un coup insensé»
Alors que s’est il passé pour s’engager dans un projet d’habitat participatif ?  Une conjonction d’événements, raconte notre interlocutrice :   « la  séparation avec mon compagnon, rien de grave,  mais  une page  se tournait, la retraite et l’idée lancée par une personne du  collectif de femmes –et si on pensait à un habitat participatif ? - à un moment où je  me rendais  compte que je vivais à côté de voisins avec qui l’on ne pouvait pas partager de simples outils comme une tondeuse. Cela m’a semblé  d’un coup insensé.» Les exemples ne manquent pas à Chantal pour montrer la possibilité de partager des moments, des échanges qui permettraient de sortir de cette aberration individualiste, « du gaspillage »,  dit-elle. Des attitudes   bien loin de ce qu’elle avait connue jeune à Paris quand elle vivait en  communauté.

Et puis, un véritable oasis de  vie se dessine
Les réunions de ce futur « oasis de vie »  démarrent en 2017, à l’espace socioculturel «  le ruban vert »  de Mareuil. Au départ, le groupe est majoritairement féminin. C’est bien normal puisqu’il  est issu du collectif « Rhizome ». Compagnon ou mari viendront un peu plus tard. Au total, une dizaine de personnes gambergent sur le sujet avec pour certaines,  le souhait d’accompagner la réflexion du projet tout en disant  ne pas se sentir encore prêtes.  


« On réfléchit aussi  sur le vrai besoin, le besoin raisonnable, celui qui est nécessaire … »
Lors de  ces échanges, le collectif  évoque la nécessité d’un  mélange de générations, les valeurs de solidarité,  l’argent,  l’envie de convivialité et de culture sur ce lieu, on se questionne sur la mobilité pour trouver l’endroit idéal.
 L’espace socioculturel  de Mareuil dont l’une des missions est d’aider à la mise en œuvre de projets des habitants les oriente vers un appel à projet lancé par  la Fondation de France, qui souhaite soutenir des solutions nouvelles telles que  l’habitat participatif.
« On va obtenir  un chèque de 5000 € qui va nous permettre d’être accompagnés  par une architecte, Virginie Farges, habituée à ce genre de projet. On approfondit les sujets,   sur les espaces, privés et  communs,  on réfléchit aussi  sur le vrai besoin, le besoin raisonnable, celui qui est nécessaire voire suffisant par rapport à son mode vie que l’on souhaite désormais voir se mettre en place. On a parlé des possibilités de conflits comment les résoudre quand ils arrivent… C’est un moment très riche sur le plan personnel qui nous fait prendre conscience de l’essentiel ».


Quand le projet rejoint une vision communale
Le lieu,  l’habitat,  les matériaux écologiques utilisés,  l’énergie, le nombre de personnes, de logements, fixés à 8 dont  un  réservé à un jeune ou emploi saisonnier … tout cela aura demandé quatre  années. « L’habitat  sera construit à Mareuil, les services et commerces existants  au sein de la commune, permettent un quotidien sans  véhicule,  et puis l’aide de la commune est venue s’immiscer positivement ; la commune détenait un terrain sur lequel un projet intergénérationnel était prévu et le maire a trouvé que cela collait parfaitement à ce projet et nous a cédé 3600 m2 ».


Création d’une coopérative pour éviter la spéculation foncière…
Aujourd’hui l’ensemble du projet  est calé ou presque : la  coopérative d’habitat comprend   600 m2 de bâtis bio-climatiques sur deux bâtiments pour des appartements allant du T1 au T4, une salle commune ainsi qu’ une chambre d’amis, un atelier, une buanderie. «  Nous serons locataires de la coopérative dont nous détiendrons des parts sociales. Nous ne serons pas propriétaires, l’idée était d’éviter la spéculation foncière. Les loyers serviront à rembourser le prêt dit -locatif social- pour 5 des 8 logements » précise  Chantal.


Des logements disponibles encore…
Seule ombre au tableau à ce jour, il manque encore deux  futurs coopérateurs-locataires mais l’optimisme de Chantal ne faillit pas et pour elle, il est temps de penser à  vider la maison : «Depuis 20 ans, de nombreuses choses n’ont pas bougé, cela veut dire qu’il est grand temps de s’en débarrasser. Et avoir un projet avec d’autres me  donne plus envie de regarder devant moi que  derrière.»

 

> Pour les plus curieux :   Chantal : Tél. 06 07 37 07 30  - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.



> En savoir plus…

Vous diriez merci à qui ? « Au groupe Rhizhome d’avoir eu cette idée, mais je dois dire que j’ai rencontré ici beaucoup de gens dans des dynamiques de résilience, avec une sensibilisé à l’écologie, , au bio… c’est petit à petit que la parisienne que je  suis a pensé différemment ».

Qu'attendez  vous de ce projet ? « Une vie agréable,  intelligente et joyeuse … Par exemple si un jeune couple veut sortir, aller au ciné ou autres, quelle joie de garder les enfants une soirée… Je pars, et je sais que les fleurs seront arrosées ou les fruits cueillis…Quand on est plusieurs, il n’y a pas de corvée ».


Vous avez agi par optimisme ou pessimisme ?« Par optimisme. Ce choix est pour moi une façon d’habiter de manière raisonnable, en accord avec mes idées ».

Que  pensez vous de cette phrase : «  Faire ce que l’on peut, c’est faire ce  que l’on doit » ? « Je suis d’accord. On arrête de râler, on y va ! Il faut y aller à notre mesure certes, faire ce que l’on peut mais il faut  le faire … »


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REDACTION

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