Aubiac, Belin-Beliet | 33

Calmer une colère, flirter avec l’utopie, trouver et s’impliquer dans une action la plus juste pour soi, échanger sur et pour la nature, signer un véritable pacte sur l’avenir en mettant au cœur de son projet la biodiversité, tel est le parcours d’un citoyen aujourd’hui heureux.

Si la vie professionnelle de Jacques-Eloi Duffau  s’avère aussi dense que sa vie de retraité, notre  choix est de parler de celle démarrée à 60 ans avec  au cœur de celle-ci, ses projets et ses réalisations.  « J’ai pu en tant que responsable d’entreprise choisir de m’arrêter de travailler à cet  âge, j’avais besoin dans un premier temps de me vider le cerveau, de m’assagir un peu. J’avais beaucoup donné  dans l’entreprise, un vrai sacerdoce, mais que j’ai aimé et j’ai aimé travailler avec les personnes  qui m’entouraient aussi ».


Un rapprochement avec une association…
Les lectures, son goût de la nature rapprochent Jacques-Eloi Duffau  tout naturellement   de la SEPANSO, d’autant que cette dernière est reconnue d’utilité publique,  un plus pour notre interlocuteur qui voit là un gage de qualité et de force de proposition vis-à-vis de l’Etat. « J’ai appris et j’apprends beaucoup au sein de l’association, le contact  notamment avec les naturalistes, des personnes formidablement investies, la plupart jeunes et qui sont d’un apport bienfaisant et je dirais vertueux. À côté et c’est tant mieux, il y a les militants, plus jeunes, et   j’ai compris que je n’en étais pas  et que je devais réaliser quelque chose où je m’engagerai personnellement et dans le temps »  raconte celui qui est toujours ravi d’être un administrateur au sein de la structure.


Une  solution en vue…
De  tempérament  fougueux,  le Lot-et-Garonnais  d’origine  peut monter le ton sur nos modes de vie où l’on prend l’avion sans se poser  de question,  de même la voiture, mais reprend son souffle et son sourire en parlant de la biodiversité humaine  qu’il respecte. Ne se voulant pas être un donneur de leçon, il sait que la solution à son apaisement ne peut émaner que de lui.


Une forêt à sauver, une  nouvelle législation
Alors qu’il  approche des  70 ans, Jacques-Eloi Duffau se pose la question sur l’avenir, pas le sien, non,  celle de la biodiversité. Que pourrait-il donner, rendre aux vivants, lui l’amoureux des arbres, des compagnons, à ses yeux, extraordinaires. Il se met à rêver d’un lieu, le Ciron, cette   rivière qui naît dans les Landes de Gascogne avant de sinuer dans le Lot et Garonne, son pays : « C’était un peu utopiste, mais j’en avais  besoin pour passer à l’action. L’idée est venue  petit à petit, par élimination. Et elle va émerger à la fois quand j’apprends qu’une forêt serait à sauver près du Lot–et-Garonne  et qu’une loi  existe depuis peu, permettant aux propriétaires fonciers de faire naître sur leur terrain des obligations durables de protection de l’environnement.  J’ai donc signé un contrat ORE*  avec le département ».


Une réserve de biodiversité  préservée pour un siècle
Jacques-Eloi Duffau  mettait  le pied à l’étrier avec l’envie d’aller plus  loin, plus haut, plus fort. L’entrepreneur d’hier est toujours bien présent,  avec le devoir   d’aller au bout de l’idée et de son rêve :  « Dès lors que cette solution correspondait pleinement à ce que je souhaitais,  je trouvais que je pouvais mieux remplir mon contrat  et c’est alors que j’ai pris connaissance  de parcelles de forêts menacées d’être abattues, 40 hectares sur les bords  de la Leyre à Belin-Beliet, une zone humide.  J’ai signé un contrat en février dernier avec le Parc naturel des Landes de Gascogne  avec notamment  comme obligation pour  le  cocontractant, le recensement de la faune et de la flore. Quel plaisir de savoir que ce lieu, cette  réserve de biodiversité est pour un siècle préservé. A côté d’une multitude d’essences d’arbres, on y voit  une faune  riche : le brochet d’Aquitaine, l’écrevisse de Louisiane, la salamandre, la couleuvre à collier… et tant d’autres vivants ».


« ma  plus belle donation, c’est celle que je laisse  au vivant… »
L’usufruitier de ces 40 hectares  acquis est aujourd’hui un homme heureux d’autant qu’il va participer  et soutenir  la constitution de la future réserve naturelle régionale qui, demain, devrait atteindre 400 hectares. L’opération sera  menée par le  Parc  régional. «  Quel plaisir de  profiter  avec d’autres d’un bien qui ne vous appartient pas, de voir les écoles demain s’y promener ou les simples marcheurs, d’être en relation avec des personnes qui ont une  vision  similaire et de savoir que même lorsque je ne serai plus là cette réserve continuera à vivre. Si j’ai bien conscience d’avoir prélevé une  partie de l’héritage familial,  je pense que  ma  plus belle donation, c’est celle que je laisse  au vivant, car il faut des barrières pour sauver la biodiversité en attendant qu’ une prise de conscience collective se lève.»

* Obligation réelle environnementale. 

 

> Pour les plus curieuxhttps://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Guide-methodologique-obligation-reelle-environnementale.pdf

 

> En savoir plus…  


Vous diriez merci à qui ? « A la nature qui est d’une beauté… mais bien sûr que je pense à mes parents, à l’éducation que j’ai reçu, la transmission d’une certaine responsabilité sociétale… Et à la SEPANSO qui m’a ouvert à ce monde  naturaliste…»

Qu'attendez vous de ce projet ? « D’être heureux  et je le suis, mais aussi de rendre les gens heureux et que cette aventure participe à changer de modèle, que l’on puisse comprendre que l’on peut être heureux autrement… »

Vous avez agi par optimisme ou pessimisme ? « Par pessimisme, mais là je parle du court terme ; à long terme, je deviens optimiste, la nature va nous tirer les oreilles et on va s’y mettre… Au  commencement est l’action, si j’ose dire,  même si nous n’en sommes pas tous là ».

Que pensez-vous de cette phrase : «  Faire ce que l’on peut, c’est faire ce  que l’on doit » ? « Elle me plait votre phrase, j’y retrouve le sens de la responsabilité sociétale, celle reçue au cours de mon éducation».

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REDACTION

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