Ossun | 65

Les habitants d’un village, toutes générations confondues, se mobilisent pour s’opposer à un modèle économique productiviste ne tenant pas compte de leur cadre de vie. Connaissance du territoire, détermination et implication feront la victoire mais aussi la force de cette association qui, après 3 années de lutte, s’est mise en veille mais reste vigilante.

En se donnant un nom faisant allusion à la guerre civile espagnole pour montrer dès le départ sa détermination, l’association «  No Porcharan »  va soulever tout le  village d’Ossun. « Il fallait dès le départ, montrer que nous n’allions pas être des gentils à qui l’on proposait une concertation, alors que tout était bouclé chez ceux qui portaient le projet. Le message était clair pour nous, il n’y aurait pas de porcherie industrielle dans notre village »  raconte José Astorga cheville ouvrière du mouvement et président de l’association.

Le projet contesté…
Le projet contesté, proposait en 2017 l’installation d’une porcherie menée par la FIPSO, une coopérative locale avec  un objectif de production de 4000  porcs (places de  porcs d’engraissement et de post-sevrage) et la possibilité de se développer. La porcherie serait créée  à l’ouest du village  et nécessiterait  deux salariés, un à  temps plein et un autre à mi-temps.

Opposition au modèle d'agriculture industrielle
La question de la ruralité se pose très vite  pour les opposants  en mettant en avant des arguments économiques et sociétaux : «  On s’opposait à ce modèle économique productiviste qui ne correspond pas à ce que la société veut aujourd’hui, une porcherie sans paysan, hors sol, en claustration. Et, ce n’est pas une position de véganes, même si certains le sont dans notre association,  mais nous nous opposons à  la souffrance animale. On défendait une ruralité moderne, porteuse d’avenir et non imposée par des projets qui sont créés pour faire de l’argent  »

Mobilisation, actions multiples
En parallèle à ces premiers arguments avancés, l’association va mobiliser tout un village, jeunes, plus âgés ; les réunions sur place se multiplient, devant la mairie,  au  conseil municipal… les manifestations seront nombreuses –de celle devant la préfecture déployant plus de 1000 personnes pour un village qui en totalise 1500  - à celle qui va retarder le départ du tour de France à Tarbes en juillet 2017, revendiquant de parler au Président présent sur l’étape ce jour-là. «  On a blagué un peu… On demandait beaucoup pour avoir ce que l’on avait prévu c’est-à-dire un positionnement du Préfet  qui était notre interlocuteur principal dans cette lutte. Toutes nos manifestations étaient médiatiquement bien préparées » souligne notre interlocuteur.

Un travail sans relâche sur les aspects techniques…
Si l’association  va décider d’ester en justice (À ses côtés France Nature Environnement  portera l’affaire en justice par rapport à l’eau),  le travail de ses membres s’intensifie. « On s’est appuyé sur des compétences internes pour travailler sur l’aspect technique et réglementaire. La connaissance du territoire nous a permis de voir que le plan d’épandage comportait des risques non mis en avant par les ingénieurs qui ne s’étaient pas rendus sur le terrain. La gestion de l’eau  au regard du débit du réseau n’était pas non plus conforme à la réglementation. »

L’aspect sanitaire sera également porté  par les opposants qui évoquent la proximité d’un élevage de canards qui pourrait engendrer des risques  de transmission du virus de la grippe aviaire. Nous sommes en 2019,  et l’argument aussi fait mouche.

… jusqu'à l'abandon du projet
En octobre 2020, la coopérative FIPSO va renoncer au projet de porcherie avant que le jugement du Tribunal administratif soit rendu,  faisant état dans la presse que les opposants ne voulaient pas d’une production pourtant locale et  parlant de succès pour des écolos bobos «  qui viennent –selon le directeur général de la coopérative  - perturber l’écosystème de nos campagnes et se permettent de critiquer le bruit et l’odeur de notre patrimoine rural .»

Une victoire qui se veut pleine d'avenir
Pour José Astorga, l’analyse de la victoire n’est pas la même «  On a créé de la valeur pour notre territoire  en préservant notre cadre de vie.  Notre engagement a impulsé une dynamique vertueuse sur notre territoire, aujourd’hui un porteur de projet doit tenir compte du territoire, de ses habitants, des obligations relatives au  climat,  à la pollution… Nous ne sommes pas contre les agriculteurs,  mais contre une certaine agriculture qui veut faire de l’argent. Aujourd'hui, notre association malgré l'abandon du projet  reste toujours vigilante » conclut José Astorga.


Les trois coups ! Selon José Astorga      


> Coup de chapeau : « Aux habitants du village qui ont répondu à l’appel de l’association, notamment dans les  moments où il fallait faire nombre ».


>  Coup de main : «On aimerait en donner aujourd’hui. De notre côté,  pendant notre lutte on a reçu le soutien de France Nature Environnement, de la confédération Paysanne. Nous n’avons pas répondu à tous les soutiens, nous les avons choisis par souci de ne pas porter une étiquette, notre mobilisation et notre objectif  portaient sur un lieu, un territoire précis. La presse aussi a été ».



> Coup de projecteur : « Sur le courage des élus. Faire de la politique ce n’est pas facile mais une chose est sûre c’est que cela  nécessite du courage car il faut prendre position… Et j’ai eu des mauvaises surprises à ce sujet ».

 

No Porcharan  : https://www.facebook.com/No-Porcharan-2290771321156622/

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REDACTION

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