Aurignac | 31
Tous issus du même village, ils ont souhaité y créer un lieu de partage et de rencontres ouvert à toutes les générations en jouant la carte de la complémentarité. Les propositions imaginées dans cet espace dit intermédiaire entre le domicile et le travail ont donné naissance à un tiers-lieu culturel avec la volonté de renforcer le lien social sur leur territoire et de mutualiser les expériences avec d’autres tiers-lieux de proximité.
Village de 1200 habitants, Aurignac – ancien chef-lieu du canton- est une commune bien pourvue en commerces, associations de sports et de loisirs, disposant d’un cinéma et d’un musée de la préhistoire réputé. Une attractivité qui n’a pas échappé aux fondateurs du futur tiers-lieu d’autant qu’ils sont tous originaires du village. « Dans une commune qui brasse beaucoup de monde, notre projet est parti d’une volonté de jouer la complémentarité, de faciliter, sur un espace intermédiaire entre le domicile et le travail, les rencontres intergénérationnelles dans un lieu ouvert la journée, en s’appuyant à la fois sur le culturel au sens large -expo, ateliers…-, sur un espace travail, que l’on soit professionnel ou non, et sur une proposition pour les enfants et les jeunes. Au final, comme me l’avait dit une amie, on avait défini un tiers-lieu culturel avec ses offres et ses services » raconte Émilie Flambeau, l’une des fondatrices du lieu et intervenante aujourd’hui en tant que conseil auprès de l’association.
« Il était important de sonder les envies, les besoins, les manques… »
De l’idée qui a germé autour d’une bande d’amis d’enfance à la réalisation, il faudra sept ans et c’est en octobre 2019 que l’association “la Cafetière“ est créée et en juin 2020 que son tiers-lieu en plein centre bourg ouvre : « Il y a eu pas mal de temps de prospections, d’écoute, de kilomètres à sillonner la commune et au-delà. Il était important de sonder les envies, les besoins, les manques…C’est ce que nous avons fait.»
Ce qui fonctionne déjà… ce qui reste à faire
Dans cet espace composé aujourd’hui de deux niveaux et bientôt d’un troisième, les activités ont vu le jour au fur et à mesure des aménagements : au rez-de-chaussée, le bar (licence III), le coin librairie, l’espace expo, les ateliers artistiques, les cours de langues, sans oublier la programmation musicale, les concerts… Au même niveau, à côté, le garage abrite un repère vélo avec animateur guidant les ateliers de petites mécaniques. Au 1er, se trouve une salle de co-working avec salle de réunion. Prochainement une salle complémentaire de co-working devrait ouvrir au 2e étage : « Nous nous calons à la demande, beaucoup d‘activités sont animées par des retraités, des personnes issues de l’éducation populaire. Notre rôle est de susciter les rencontres-partages entre les différents publics qui entrent dans le lieu. Notre concept nous amène à être ouvert et en mouvement, des liens sont à tisser plus en profondeur avec les écoles, les accueils de loisirs associés à l’école, et nous avons à mieux faire connaître notre espace de travail.»
Penser sur un territoire : proximité et mutualisation
Si l’offre du Tiers-Lieu s’inscrit dans un territoire dépassant Aurignac, les compétences et les idées aussi puisque depuis près de deux ans elles sont partagées avec une vingtaine de tiers-lieux existants sur trois communautés de Communes du Comminges. Le réseau compte ainsi unir ses forces à partir de lieux, certes différents mais qui en font aussi leur spécificité : « Il s’agit de mutualiser nos expériences, mais aussi d’avoir un poids plus important afin d’être mieux entendu sur le territoire, auprès des élus notamment. Les tiers-lieux génèrent localement de la richesse à fort impact social que nous comptons mesurer demain avec des outils qui permettront aussi de valoriser le travail des bénévoles, essentiels dans le fonctionnement de ce genre de structures ».
« … Il faut continuer à faire mieux et ensemble »
Après un peu plus de deux ans d’ouverture, la cafetière bouillonne toujours d’idées et de projets. Elle souhaite demain aller vers l’agrément “Espace de Vie Sociale“ qui reconnaîtrait en quelque sorte le travail déjà accompli dans ce domaine, mais qui permettrait de s’ouvrir à d’autres publics, avec d’autres moyens financiers et de nouvelles compétences avec un recrutement à la clé. L’esprit et l’énergie sont là dans ce lieu et dans tous ces lieux où il reste cependant toujours à convaincre : « L’économie sociale et solidaire doit se faire mieux connaître. Certes on est aidé, mais je pense que ces lieux le rendent bien auprès du territoire concerné. Quel que soit le tiers-lieu, on travaille sur les mêmes sujets : la montée en compétences, le modèle économique, le rapport aux pouvoirs publics… Il faut continuer à faire mieux et ensemble » conclut Émilie Flambeaux.
Les trois coups ! Selon Émilie Flambeaux
> Coup de chapeau : « À l’amitié… qui nous a réunis et permis de porter ce projet. On se connaît depuis l’enfance, on a grandi dans ce village. Cela nous a aidés, on a été en confiance tout en veillant dans notre approche à prendre en compte ce qui existait, à respecter nos aînés qui avaient fait des choses ici… »
> Coup de main : « À ceux qui ont des projets… Il va falloir se serrer les coudes… Notre expérience peut amener à décrypter certaines démarches notamment en matière de financement, savoir solliciter des élus… »
> Coup de projecteur : « Au bar culturel associatif « La Pistoufflerie » à Cassagnabère-Tournas à 5 kilomètres d’ici. Depuis plus de dix ans tous les samedis soirs, ils proposent des concerts, des conférences… Il y a une belle énergie dans ce lieu.»
En savoir plus : Tiers-lieu La Cafetière : https://www.lacafetiere-aurignac.fr
