Monbalen | 47

Prenant en compte les trajets de l’eau, les connaissances de ses cycles naturels, le nécessaire réaménagement des fleuves, rivières, bassins-versants… L’hydrologie régénérative propose des solutions pour cultiver l’eau. Promenons-nous dans le Lot-et-Garonne pour découvrir des pratiques et une volonté de communiquer sur l’eau autrement.

En 2022, l’association « Pour une hydrologie régénérative »  est créée, se donnant pour mission d’impulser des dynamiques territoriales en diffusant ses connaissances,   les moyens d’une régénération massive du cycle de l’eau et la réalisation d’un suivi scientifique de l'évolution des sols et des hydrosystèmes sur des sites pilotes.  La même  année, l’association organise les rencontres d’Annecy,  regroupant des ingénieurs agronomes, des hydrologues, des consultants en permaculture, en agrologie… et  propose  une   définition pour ce nouveau vocable  :  science de la régénération des cycles de l'eau douce par l'aménagement du territoire. 


« … des solutions à différentes échelles »
Céline Hough, formée à l’écologie,  spécialisée en régénération  des éco-systèmes urbains   et membre du réseau “Pour Une hydrologie régénérative“ précise  ce concept :  « Il  regroupe tout un ensemble de  pratiques culturales dans le but de ralentir, infiltrer,  réhydrater et stocker  l’eau dans le sol  et  recréer des microclimats. Nos sols sont trop drainés. L’eau de pluie, seule source d’eau potable coule trop  vite vers l’océan. En prenant de la vitesse,  elle érode, arrache la terre… Le constat est là, catastrophique  mais des solutions à différentes échelles existent pour redonner vie ainsi aux éco-systèmes et cela peut aller assez vite."


Agir sur l’eau, le sol et la végétation
L’hydrologie régénérative  réunit ainsi des  pratiques et des savoir-faire existants – l’agroforesterie, le pâturage tournant dynamique, la médecine castor… -  mais aussi  des connaissances scientifiques  et  des technologies plus récentes. Elle est à la croisée d’un ensemble de disciplines et de leurs dérivées  telles que l’hydrologie, hydrogéologie, la topographie, la climatologie… : «  Le pilier sur lequel repose l’hydrologie régénérative est l’eau, le sol et la végétation. Les arbres ont le pouvoir de stimuler  le recyclage de l’eau de pluie, en plus de leurs capacités à structurer les sols et à guider l’eau vers les nappes. Contrairement aux idées reçues, la pluie continentale ne vient pas majoritairement des océans, mais de l’évapo-transpiration issue du sol et de la végétation. S’il n’y a pas de pluie, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’arbre, mais l’inverse.»


Technique low tech, imitant le « travail »  des castors
Intervenante   dans le domaine de  l’hydrologie régénérative  dans le  Lot-et-Garonne Céline Hough, évoque une action récente effectuée  avec d’autres partenaires sur le ruisseau de Prézan, affluent de la petite Séoune,  à partir d’une pratique dite “médecine castor“  qui consiste à réaliser des ouvrages pour réhydrater et stocker l’eau sur un territoire : « À partir d’une  technique dite  low-tech, c’est-à-dire ici avec des sécateurs en main, en imitant le « travail »  des castors,  on va ralentir, freiner l’eau en réalisant  des barrages, une technique qui existe depuis 30 millions d’années.  En quelques heures de travail  collectif, le cours d’eau a retrouvé son chemin original, des chemins secondaires se sont ré-ouverts ce qui va permettre de stocker l’eau sur ce territoire. On redonne à la rivière un processus de guérison d’où ce terme utilisé.»
Pour notre interlocutrice,  de nombreuses pratiques peuvent se mettre en place rapidement à petite échelle en agissant tous ensemble : «  Il ne faut pas chercher des coupables car, de toute façon, les solutions sont systémiques. Nous devons gérer les problèmes collectivement  et cela passe par une communication entre les personnes sur un même territoire.»  


Communiquer, former aussi
Coiffant sa casquette de chargée de l’action agro-écologique paysagère, au sein du tiers lieu rural  et culturel de  Maison forte située en Lot-et-Garonne  ( lieu  présenté dans un numéro précédant d’ITVB),  notre interlocutrice mentionne une source -faisant parti des 4 sources du Mas d’Agenais- présente  sur le domaine de la Maison forte et   qui, après analyse s’avère être de mauvaise qualité : « Comment faire à moindre coût, ensemble, pour trouver des solutions locales, sur un bassin-versant qui concerne 7 communes  ? En ouvrant le dialogue avec les collectivités locales, les agriculteurs, les habitants… En parlant de l’apport de l’hydrologie régénérative et pourquoi ne pas proposer et dispenser des formations gratuites menées par le bureau d’études Permalab, référant national dans ce domaine également…  Tout cela se construit.»


Des rencontres régionales à venir
Dans le même temps, Céline Hough rappelle la volonté de structurer  un réseau local pour l’Hydrologie régénérative   sur tout  le bassin Adour-Garonne : «  L’idée est de rassembler à travers des rencontres régionales, qui se tiendront au mois d’octobre, des personnes qui agissent avec ces pratiques, qui les proposent… afin de diffuser localement ces solutions avec la volonté d’aller vers un avenir possible et joyeux.»



Les trois coups ! Selon Céline Hough



> Coup de chapeau : « A ce mouvement pour l’hydrologie régénérative qui a émergé  avec   Simon Ricard, Samuel Monvoisin, Charlène Descollonges… Ils sont aussi en quelque sorte les porte-paroles de ceux qui se  sont intéressés à ces pratiques. Ils  ont fait et continuent à faire un travail monstre pour fédérer, communiquer …»





> Coup de main : « Pour constituer notre réseau Adour-Garonne,   nous avons besoin des  personnes qui pratiquent l’hydrologie régénérative  ou qui accompagnent ces pratiques…  Elles peuvent me  contacter sur mon mail Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.




> Coup de projecteur : « Pour le livre sensationnel «  Rendre l’eau à la terre » de Baptiste Morizot et Suzanne  Husky pour les aquarelles. L’ouvrage invite à repenser  notre rapport à  l’eau, à nos cours d’eau, à  mieux gérer les  liens entre l’eau,  la terre, les non-humains et à visualiser comme il est simple d’activer les leviers vers  un monde abondant et du coup joyeux ! »


La Maison Forte - coopérative des Transitions, tiers lieu en milieu rural-  : https://la-maison-forte.com

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REDACTION

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