Abjat sur Bandiat | 24

Au nord de la Dordogne, lors d’une réunion organisée avec des connaissances dans un café, l’un d’entre eux prend la parole, exprime son ras-le-bol, s’interroge sur comment arrêter la coupe des arbres, sauver les forêts et propose : « Je pense qu’en nous regroupant, on peut soustraire des forêts à la logique marchande, on ne possédera pas de forêt, elle sera un bien commun…»

« En effet, ça s’est passé presque comme ça, voilà plus d’un an. Emmanuel Repérant nous a fait part de son désarroi sur les forets qui disparaissaient, qui étaient victimes de coupes sombres… On n’avait pas l’âge de s’accrocher aux arbres, de sauter pour s’indigner … L’idée d’acheter en commun des forêts, de les soustraire au marché du bois, nous a paru une bonne solution à notre niveau » raconte Jean-Pascal Farges, membre du groupement forestier Citoyen Lu Picatau.

Objectif : 60 hectares en 2021
Constitué en mars dernier, le groupement dispose aujourd’hui de près de 20 ha de forêt situés dans le nord du Périgord, et au sud du Limousin, son objectif serait d’atteindre les 60 hectares en 2021. Le groupement s’est organisé en comité, chacun y exerçant une « mission » ; notre interlocuteur, lui, a pris en charge la législation, les marchés du bois.
Et bien sûr, tous partent en quête de nouveaux sociétaires avec un discours clair qui souvent fait mouche.


« … l’idée qu’il y a plus de forêt qu’avant…  c’est faux »
« L’arbre bénéficie d’un capital sympathie ce qui facilite l’entrée en matière. On explique aux citoyens, aux maires parfois, l’utilité des forêts, le service qu’elles rendent en matière d’oxygène mais aussi de filtration de l’eau … On remet en question l’idée qu’il y a plus de forêt qu’avant, car c’est est faux, une forêt ce n’est pas un alignement d’arbres. Il ne s’agit pas de dire non plus qu’on est contre l’exploitation du bois, seulement cela ne peut se faire qu’en intégrant son renouvellement.».
L’apport du sociétaire varie de 100 à 200 euros en moyenne. On trouve dans le groupement aussi bien des gens du cru, de la ruralité que des néo-ruraux et parfois aussi des personnes qui sont venues en vacances et ont été sensibles à cette action.

La stratégie du groupement …
Alors que l’information est fortement minimisée, au regard du contexte, celle-ci  passant en temps normal par la présence dans les marchés ou l’organisation de réunions publiques dans les cafés  cela n’empêche pas le groupement de continuer sa recherche de forêts. Les uns marchent, vont à la rencontre de propriétaires, se rendent dans les mairies, les autres cartographient des massifs… « On évite des achats trop vastes, on regarde ce qui pourrait se faire si on n’intervenait pas. Notre idée n’est pas d’aller au combat, on préfère énoncer que dénoncer. On apporte aussi notre aide à des idées comme la notre.»

Et si on parlait d’entretien de la forêt ?
A la question : demain toutes ses forêts, ne faudra-t-il pas les entretenir ? Comment allez vous faire ? Notre interlocuteur n’est pas démuni quand il répond « L’Amazonie n’existerait pas si on l’avait entretenu. Pour revenir à notre action on touche à rien pour l’instant, on verra cela dans quatre ou cinq ans… On pense toutefois à étendre nos activités et dans ce cas on proposerait l’entretien durable de la forêt, car il faut la laisser la plus vivante possible » conclut notre interlocuteur qui dit soigner sa révolte à travers ce sauvetage de quelques arbres, de quelques vivants. Et quand il dit cela, on entrevoit bien son plaisir à faire.


 
Les Trois coups !  selon Jean-Pascal Farges

> Coup de chapeau :  « Au créateur du groupement, son indignation il y avait de l’énergie, mais je lui tirerais plutôt un coup de casquette car il en porte toujours une ».

> Coup de main : « On est dans l’euphorie encore, il ne nous manque pas grand-chose, on avance avec plaisir et on a envie aussi d’aider des projets similaires »

> Coup de projecteur : « À « l’association forêt sans âge » qui est présente aussi dans notre groupement. Ils ont une approche différente. Ils initient à la sylviculture, ils éditent des guides…. et nous apprennent qu’il existe d’autres alternatives. Nous sommes en relation avec eux. Ils apportent beaucoup de sagesse dans cette histoire… même si la sagesse n’aime pas les projecteurs.»



Pour les plus curieux : www.gfclupicatau.fr


Je m’engage à apporter mon expérience sur un projet similaire : Jean-Pascal Farges - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 
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Terre de liens : http://ici-toutvabien.org/impliquer/167-agricole-terre-de-liens-bio-financement-local.html

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