Bouches du Rhône / Landes…

Transmettre aux éleveurs ce qu’est un animal, identifier ses besoins, comprendre l’interaction entre l’animal et l’éleveur ou autrement dit, apprendre à l’éleveur comment « composer » dans son paysage en ayant pour instruments, l’observation et le bon sens, telle est la proposition à découvrir en compagnie d’une vétérinaire… 

Depuis 30 ans, Marie-Christine Favé dispense ce qu’elle a  appris pendant ses études de vétérinaire, à savoir : la connaissance du monde vivant. «  J’ai  appris durant ces années  tout ce  qui était nécessaire pour faire de l’analyse,  que ce soit sur l’évolution des populations au fil  des âges, l’alimentation, la botanique… Plus que l’étude des maladies et des médicaments, ce qui m’a intéressée, c’est  de partir de ce qu’est une maladie, très bien définie à l’école de vétérinaire -la maladie est en lien avec un ensemble de conditions de vie, elle est le signe d’un déséquilibre des conditions de vie- »

« Un message qui ramène l’animal à sa juste place »
Installée dans les Bouches du Rhône, Marie-Christine Favé  parcourt  la  France à la demande des éleveurs – CIVAM, Confédération paysanne, ADEAR… . Voici quelques mois, elle dispensait une formation dans  les Landes. « C’est une professionnelle porteuse d’un message qui ramène l’animal à sa juste place tout en pensant au bien-être de l’animal, sa nourriture, son environnement,  du pré à la bergerie… Ses mots rassurent ceux qui ont le sentiment de bien faire et qui sont parfois critiqués par des consomateurs qui sont éloignées du monde rural » : raconte Isabelle Cazaubon, éleveuse de brebis et présidente de  l’ADEAR Landes.

Le bon  sens…  expliqué par la génétique
Pour notre vétérinaire, les éleveurs -qu’elle différencie des exploitants agricoles, des spéculateurs-   font appel à ce bon sens reposant sur  l’observation et qui, aujourd’hui est expliqué par la science, la génétique. « Avant, en observant la robe d’une vache,  la position de sa tâche, on pouvait dire si elle allait être une bonne laitière… La génétique explique certes beaucoup de choses, mais ce sont  les conditions de vie de l’animal qui va lui permettre d’exprimer son talent.»

«… l’animal sait nous dire… »
Les exemples énoncés par « la formatrice » sont nombreux pour faire comprendre ce que l’animal perçoit dans son espace  lorsque celui-ci  se modifie, qu’il va devoir être partagé par plus d’animaux…  « Les vaches vont faire alors plus difficilement des petits et ce seront des mâles. Elles ressentent que leur ressource alimentaire va manquer. C’est l’intelligence animale qui s’adapte, l’animal sait nous dire… Tout comme pour un changement de prés, les animaux nous indiquent le bon moment si on prend le temps de  les regarder. Ce n’est pas de la magie. La vie de l’éleveur est au pré et non devant l’ordinateur. »

 Des codes communs entre l’animal et nous
Au cours de la formation,  d’une durée de  deux jours, Marie-Christine Favé alterne enseignement de connaissances et mises en situation  : « L’objectif est de partir de ce que l’on observe, de laisser ses a-priori même quand ce sont ses animaux, afin de trouver les codes communs entre l’animal et nous. Ce n’est pas un regard que l’on porte… C’est un égard et de la considération.»

L’abattage : un moment inéluctable
Dans le message qu’elle transmet, notre vétérinaire n’oublie pas qu’elle est aussi éleveuse et que l’abattage est un moment inéluctable qui a ses mystères. Là aussi, elle en parle sans détour : «  Il ne faut pas se décharger de ce moment. Chez nous, nous accompagnons l’animal jusqu’au bout. Dans le petit abattoir que nous avons choisi, l’animal n’est pas poussé, on reste avec lui jusqu’à son dernier souffle. »

… « Et, quelle est la part de l’écologie et du social dans votre  travail ? »

« Je n’emploie pas le mot écologie, mais elle est inscrite dans mon travail, qui  consiste à vivre dans son milieu, à voir ce qu’il nous raconte … Et le social ? Il est forcément là…  on travaille à plusieurs, la machine y est accessoire. Pas d’artifice, pas de machine… cela nous permet de rester en relation. »

« Plus on colle à la nature, plus elle nous le rend bien.»
Pour Marie-Christine  Favé, l’éleveur serait  à comparer à un chef d’orchestre qui identifie les talents, recherche l’harmonie entre les animaux et lui, en tenant compte de l’ensemble du vivant. « Les paysans sont dans le paysage, la vie est là. Nous avons à apprendre des animaux et à trouver une relation équilibrée avec eux, tout cela se fait en toute humilité.  Plus on colle à la nature, plus elle nous le rend bien.»

 


Les trois coups ! Selon Marie-Christine Favé


> Coup  de chapeau : « Au monde vivant, animal, végétal… Mais aussi à un taureau qui m’a beaucoup appris personnellement et professionnellement  à travers son histoire de vie,  compliqué.  À chaque fois,  il a déjoué ce que je pensais. Il  m’a appris la patience, la persévérance et une puissance pacifique alors qu’il aurait pu tout casser.»


> Coup de main : « j’aimerais  qu’il pleuve ! (rire)  Nous en avons besoin »



> Coup de projecteur : « Je souhaiterais que vos lecteurs, la prochaine fois qu’il voit un animal,  prennent le temps que ce soit un papillon, une libellule, un renard, d’observer ce qui se passe pour l’animal… » 




En savoir plus : https://www.equiref.com/annuaire/ethologue-ethologiste/france/provence-alpes-cote-dazur/bouches-du-rhone/fave-marie-christine


 

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REDACTION

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